Ce matin, le café que j’ai pris dans le train m’a paru meilleur que d’habitude. Peut-être l’était-il vraiment, peut-être l’ai-je imaginé. Mais il avait la saveur d’un cadeau : tandis que je contemplais le paysage d’après pluie qui défilait sous mes yeux, je buvais un espresso offert par une employée des CFF.
Il y a quelques semaines, à une heure tardive, je me dirigeais vers le wagon de tête du train dans lequel j’allais monter en gare de Lausanne. Un contrôleur et une contrôleuse attendaient devant des wagons. En passant devant eux, je les saluai aimablement. Le train s’ébranla, la contrôleuse arriva, je lui tendis mon abonnement avec un sourire et lui souhaitai une bonne soirée. Elle fit quelques pas, puis revint aussitôt, en me tendant une fiche imprimée : « Monsieur, vous êtes tellement gentil : mon collègue et moi avons décidé de vous offrir un bon pour un café ! » Je la remerciai, un peu embarrassé, car je n’avais pas l’impression d’avoir un comportement exceptionnel, et je lui dis que je félicitais pour ma part les employés des chemins de fer pour leur amabilité : il est naturel d’être aimable à son tour envers eux. Elle m’expliqua que ce n’était pas si habituel. Je rentrai chez moi heureux, cette nuit-là, avec le sentiment qu’un simple sourire pouvait faire plaisir et qu’il ne fallait donc jamais s’en priver.
Les lecteurs de ces brèves l’auront déjà remarqué : je suis un usager fréquent des chemins de fer. J’utilise presque uniquement les transports publics, puisque je n’ai jamais jugé utile de passer mon permis de conduire. Et les trains offrent souvent de petites expériences ou anecdotes sympathiques, dont certaines ont été publiées sur ce site. Quand je monte dans un train en Suisse, je me sens un peu chez moi, dans un espace propice au travail, à la lecture, à la rêverie, à un assoupissement si je suis fatigué. Chez moi — mais pas au point de ce politicien original, rencontré il y a quelques années dans un train peu fréquenté et qui semblait le considérer comme son wagon privé dans lequel il m’accueillait. À mon arrivée à Fribourg, il poursuivait son voyage, mais m’avait accompagné à la porte du wagon pour prendre congé, comme il l’aurait fait pour un visiteur venu chez lui et repartant. Cela en dit long sur la familiarité qui peut se développer entre nous et ce moyen de transport, surtout dans un pays où les trains sont la plupart du temps ponctuels, propres et confortables.