À la gare de Lyon, je m’installe à ma place dans le TGV à destination de la Suisse. En même temps arrive un homme un peu plus âgé que moi, qui sera mon voisin de voyage. Il regarde le porte-bagages et jauge l’effort à produire pour y hisser le long sac de voyage noir qu’il porte à la main. Il accepte volontiers ma proposition de l’aider. Une fois le bagage en place, il m’explique que les livres sont lourds… Avec un sourire, je lui réponds : « Ah, vous aussi… » et je lui confie que je voyage toujours avec trop de livres dans mes bagages — la peur de l’état de manque ! — sans parler des volumes achetés en route. Regard compréhensif de mon interlocuteur. Nous nous congratulons d’avoir, cette fois-ci, l’un et l’autre résisté à la tentation pendant nos brefs séjours parisiens. La conversation se poursuit tout naturellement en évoquant les trop nombreux achats que nous faisons, et les problèmes de place : lui aussi a commencé à placer ses livres en doubles rangées sur les rayons, malgré les difficultés que cela entraîne pour retrouver ensuite un ouvrage qu’on souhaite consulter ou relire.
Je sens que nous avons tous deux la satisfaction de nous trouver face à quelqu’un qui nous comprend et pour qui comptent ces questions qui semblent de bien piètre importance à d’autres interlocuteurs. Le train s’ébranle. Je lui dis : « Bon voyage et bonne lecture ! » Nous nous plongeons chacun dans nos livres (j’en avais un très bon, j’en parlerai dans le prochain billet). Et nous n’avons plus échangé la parole avant l’arrêt du train à la gare de Genève, pour nous dire au revoir.