Dimanche dernier, j’attrape de justesse un train en correspondance à la gare de Berne: j’entre dans le wagon quinze secondes avant l’heure de départ annoncée. Tiens, le train ne part pas aussitôt. Un retard?
Trois minutes s’écoulent. Par haut-parleur, la responsable annonce: le train ne peut pas partir en raison de l’absence du conducteur. Cinq minutes encore: le train aura un retard indéterminé, car le conducteur n’est pas arrivé. Enfin, après onze minutes: le conducteur est arrivé, le train va partir.
La contrôleuse arrive quelques minutes plus tard. Je la félicite pour cette communication claire: après tout, les passagers sont volontiers prêts à tolérer des incidents, s’ils sont informés de la situation qui les provoque. Elle m’apprend alors que le conducteur n’est jamais arrivé et qu’on ignore tout de ce qui lui est arrivé: il a fallu lui trouver un remplaçant au pied levé. En plusieurs années au service des chemins de fer, elle se trouve pour la première fois dans une telle situation.
Je ne suis pas toujours satisfait de mesures prises par les Chemins de fer fédéraux (CFF): par exemple, pas plus tard que ce soir, l’annonce de la suppression des minibars ambulants, si pratiques quand ils traversent le wagon pour proposer boissons ou sandwiches aux passagers. Mais je reste un grand amateur de voyages en trains, et j’apprécie le dense réseau dont nous bénéficions, avec des trains fréquents. L’amusant incident bernois de dimanche m’a une fois de plus convaincu que la Suisse est vraiment un beau pays, dans lequel le chef de train nous annonce sans cachotteries que le conducteur manque à l’appel, et où l’on réussit en quelques minutes à lui trouver un remplaçant.