À la fin de l’année 2016, il m’est venu deux idées de scénarios de politique-fiction : l’un pour roman français, l’autre pour film hollywoodien. Si j’avais eu du temps, peut-être me serais-je risqué à les développer, ou à en faire de petites nouvelles. Mais j’ai bien d’autres choses à faire, et des délais à tenir. En outre, je ne crois pas avoir les talents d’un auteur de roman. Je me borne à partager ces deux idées, pour l’amusement de quelques lecteurs peut-être…
Donc, ce premier billet autour de la campagne présidentielle française, ce rituel politique régulièrement renouvelé, qui mobilise tant d’énergies et suscite tant de commentaires. Comme le remarquait Hubert Huertas hier : « La France est malade de l’élection présidentielle qui résume sa vie politique, tous les cinq ans, au choix d’un homme providentiel de plus en plus contesté, et de plus en plus minoritaire même s’il est censé incarner la nation tout entière. […] Le récit de la vie politique française se résume ainsi à une anticipation du résultat de la présidentielle, un pari sur le gagnant d’une course par élimination. » Et d’évoquer « un environnement qui transforme la chronique politique en chronique sportive, service du loto compris » (« Croquis. De Mélenchon à Macron, les ressorts d’un déséquilibre », Mediapart, 18 janvier 2017). Ainsi se retrouve une France qui n’a plus voulu de roi…
Voici mon scénario, simple, mais ouvrant la porte à de multiples scènes savoureuses et rebondissements : au premier tour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se retrouvent en tête. Panique dans les états-majors des formations classiques ! Que faire ? Pour qui recommander de voter au second tour ? Sans parler des commentaires dans les capitales des grands pays ou de la part des instances européennes !
Un divertissant scénario pour un petit roman de politique-fiction. À côté des ralliements à l’un ou l’autre candidat et des justifications pour le faire (de façon plus aisée à gauche qu’à droite, dans cette configuration), on peut broder ensuite avec des hommes politiques concoctant des plans bizarres pour « sauver la démocratie » — des vertus de l’abstention à l’appel aux forces armées ou à l’élimination physique d’un candidat. Bien mené, mettant en scène caricaturalement les figures aisément reconnaissables du paysage politique français, ce roman aurait son petit succès éphémère dans les librairies. Et il se conclurait par la phrase : « Au soir du second tour, le monde découvrit que le peuple français avait élu… », les points de suspension finaux laissant chacun libre d’imaginer l’issue préférée…
Je précise que je tiens ce scénario pour improbable dans la réalité, même si l’élection présidentielle française de 2017 présente bien des aspects inattendus, ouvrant des perspectives imprévisibles il y a quelques mois encore.