Depuis quarante-huit heures, plusieurs personnes diffusent sur les réseaux sociaux un article selon lequel le pape François aurait déclaré que l’enfer n’existe pas et qu’Adam et Éve n’ont jamais existé. Toutes les religions seraient également vraies. Non seulement les catholiques traditionalistes, mais même quelques cardinaux s’insurgeraient contre ces affirmations.
Curieusement, cependant, ces déclarations sensationnelles n’ont été publiées dans aucun des grands médias internationaux, qui devraient pourtant se précipiter pour en faire leurs titres de première page. La nouvelle ne circule que sur des sites obscurs ou exotiques.
Il suffit de lire l’article jusqu’au bout pour comprendre que l’information est fictive. Nous découvrons en effet que ces extraordinaires déclarations du Pape auraient été prononcées en conclusion du concile Vatican III, qui se serait réuni à Rome au cours des six derniers mois pour achever le travail de Vatican II. Bien entendu, même les vaticanistes les plus avertis n’ont pas remarqué le moindre début de réunion de ce prétendu concile…
Suivons donc la piste. L’article publié le 1er janvier 2014 par Global Relay Network – Info Alternative, un site qui ne recule pas devant les informations hasardeuses, est une reprise du site Africeleb, “actualités, potins, célébrités et divertissement pour les Africains” (sic). Ce site l’a traduit du site africain anglophone Kenya Today, qui avait publié la “nouvelle” le 25 décembre. Les commentaires suivant l’article sur le média kenyan montrent que nombre de lecteurs ont réagi et ont renvoyé à un site spécialisé dans le repérage des rumeurs, Snopes.
Grâce à Snopes, nous apprenons quelle est la source de cette fausse information: un exercice de fiction ou de satire, publié le 5 décembre sur le site Diversity Chronicle.
Durant la “guerre froide”, des entreprises de désinformation avaient utilisé le recyclage de nouvelles: d’abord publiées dans un journal obscur d’un pays exotique, puis citées et reprises successivement par des organes de presse plus respectables, jusqu’à revêtir un semblant de vraisemblance. À l’heure d’Internet, cela est devenu bien plus facile. Mais dans beaucoup de cas, il ne s’agit même pas de montages délibérés: des blogueurs ou médias amateurs reprennent sans discrimination des informations fantaisistes.
Internet permet la propagation de toutes les rumeurs. Heureusement, il fournit en même temps l’antidote, grâce à des moyens de recherche permettant souvent de vérifier une information et d’en retrouver la source. Avec les médias en ligne, l’esprit critique est plus que jamais de rigueur.