J’ai suffisamment voyagé pour savoir qu’il y a des pays dans lesquels il ne faut pas entrer dans un taxi sans avoir convenu du prix de la course avec le chauffeur. Mais je ne m’étais pas enquis des tarifs pratiqués à Tbilissi. Après quelques heures de marche dans la ville, fatigué encore par mon voyage de la nuit précédente, je décidai de regagner en taxi mon hôtel, à plus de trois kilomètres de l’imposante Cathédrale de la Trinité, où s’était terminée ma longue flânerie.
Justement, en quittant l’esplanade de la cathédrale, quelques taxis attendent et un chauffeur me propose ses services. Pourquoi pas ? En plus, deux petites icônes ornent son tableau de bord. Les signes de piété du chauffeur m’inspirent confiance et me paraissent garantir son honnêteté. Arrivé à destination, le prix demandé me semble très élevé… mais comment savoir, puisque je n’ai pas la moindre idée des tarifs ? Non sans exprimer mon scepticisme, je finis par céder. Arrivé à la réception de l’hôtel, je me renseigne : j’ai payé cinq fois le prix normal de la course.
Petite tricherie, grosse escroquerie ou même criminalité ne signifient pas absence de croyances religieuses (ou de superstitions, si l’on préfère, mais j’utilise ce mot avec parcimonie). Bien sûr, il y des voleurs ou criminels qui ne croient à rien : je crains qu’ils ne soient de plus en plus nombreux dans nos pays. Mais il y a aussi des bandits assidus aux offices religieux, ou des malandrins qui renoncent à s’emparer d’un objet précieux parce qu’il est béni ou parce que son vol portera malheur. Certains pensent sans doute racheter leurs méfaits en se montrant généreux pour des œuvres religieuses. Sur d’autres plans, les cas de personnes croyantes et pratiquantes commettant des fraudes fiscales à grande échelle m’ont souvent amené à me demander si ces personnes, si elles sont catholiques ou orthodoxes, avouent ces actes comme péchés dans leurs confessions, ou si elles procèdent mentalement à une séparation des registres évitant tout embarras en leur permettant de s’en tenir à un prudent silence ? Comment s’arrange-t-on avec le Ciel sans changer de vie ?
Le 17 mars 2017, m’apprend une nouvelle reprise par Cath.ch, le pape François a insisté sur l’importance de la confession. S’éloignant de son texte, il évoqué « une légende du sud de l’Italie, la Madone des mandariniers. Cette fable raconte que si les voleurs ont prié la Vierge Marie durant leur vie, celle-ci fait preuve de miséricorde à leur égard et les aide à franchir les portes du Paradis, en les dissimulant du regard de saint Pierre. » Une histoire populaire qui vient à point pour illustrer mon propos…