En Suisse, je suis impressionné par le nombre d’expositions intéressantes et originales que mettent sur pied des musées. Faute de temps, à regret, je ne peux malheureusement pas en visiter beaucoup. Peut-être faudrait-il que j’essaie quand même, la prochaine fois que je passerai dans notre capitale fédérale, d’aller voir l’exposition temporaire au Musée d’histoire de Berne sur la Suisse des années 1960. La présentation de cette exposition résume l’importance du tournant que marqua cette décennie pour les sociétés occidentales : « ‘1968’, c’est plus qu’une simple date. C’est le symbole même du bouleversement social qui s’est produit entre le milieu des années 1960 et le milieu des années 1970. » (Ce tournant marque également le domaine religieux, qui m’intéresse particulièrement — c’est le sujet d’un livre de Hugh McLeod, The Religious Crisis of the 1960s, Oxford University Press, 2007.)
Le vendredi 19 janvier 2018, le Téléjournal suisse romand a présenté un reportage sur cette exposition. Il était accompagné par les observations d’un témoin de cette époque, engagé dans les mouvements de contestation et de transformation sociale, Paul Sautebin. Parmi ses réflexions, l’une m’a frappé :
« Pour moi, 68, c’est ça, surtout : c’est qu’on a vu qu’on pouvait changer (…) par nous-mêmes pas seulement soi-même, mais qu’on pouvait mettre sur la place — une petite minorité — une question, et la société est obligée de s’en emparer. »
Peut-on dire que cela soit complètement nouveau ? Sans doute pas. Mais la remarque paraît pertinente par rapport au contexte historique contemporain et au fonctionnement de nos sociétés. Cela me semble résumer la façon dont nombre de sujets — à l’aide de relais variés — sont parvenus et parviennent à s’imposer comme des « questions de société » à l’initiative de groupes très minoritaires.