Par cet après-midi ensoleillé d’octobre, une dame aux cheveux blancs, que je croise parfois dans les rues de Fribourg, m’arrête; avec un grand sourire, elle me déclare de but en blanc: “Je suis fasciste, comme vous!” Sans rien en montrer, je suis légèrement interloqué: je ne me souviens plus d’avoir fait cette semaine ma déclaration publique de fascisme; mais peut-être le peuple fribourgeois appelle-t-il de ses vœux un Chef et m’adresse-t-il ainsi sa demande par une émissaire? Avant d’endosser une vocation d’homme providentiel, je décide prudemment de demander des éclaircissements: “Que voulez-vous dire?” Réponse: “Votre article dans La Liberté.“ – "Quel article?” – “Mais celui où vous avez écrit: ‘Si préférer mon pays à celui des autres, c’est être fasciste, alors oui je le suis.’ J’ai beaucoup aimé cet article.” – “Madame, je suis désolé, mais je ne suis pas l’auteur de ce texte.” – “Mais vous êtes pourtant bien Hubert Mayer?” – “Non, Madame, je me prénomme Jean-François.”
Je sens mon interlocutrice embarrassée. J’essaie de la mettre à l’aise et lui souhaite une belle promenade dans le froid lumineux de l’automne. L’efficacité de Google me permet, une fois de retour chez moi, de retrouver la lettre de lecteur écrite à La Liberté par une personne portant le même patronyme.
Après avoir passé beaucoup de temps, ces dernières semaines, à essayer de clarifier le concept de “secte”, j’avais craint un instant de devoir me lancer dans le même effort autour des usages également brouillés du concept de “fascisme”. Décidément, la fréquentation des sujets minés…