Au terme d’un projet de recherche de trois années sur le christianisme et l’expérience universitaire en Angleterre, Mathew Guest, Sonya Sharma, Kristin Aune et Rob Warner résument leurs observations dans le dernier numéro du Journal of Contemporary Religion (28/2, mai 2013, pp. 207-223). Ils s’efforcent notamment d’évaluer l’impact des groupes universitaires évangéliques.
Selon les résultats du sondage effectué par ce groupe de chercheurs (la population est celle des undergraduates), 51,4% des étudiants interrogés se définissent comme chrétiens, 34% disent n’appartenir à aucune religion ou tradition spirituelle, 4,9% se déclarent musulmans, 2,2% bouddhistes, 2% hindous, etc. Environ un quart du nombre total se déclarent “religieux”, et un peu moins d’un tiers “pas religieux, mais spirituel”. Même s’il est possible que le sondage conduise à une légère surévaluation du pourcentage de chrétiens, la corrélation avec d’autres données permet d’avancer une estimation réaliste de 40 à 50% d’étudiants chrétiens en Angleterre. 28,8% des étudiants chrétiens assistent à un service religieux chaque semaine.
Si les associations chrétiennes d’autres tendances n’ont pas disparu du pays universitaire anglais — par exemple le Student Christian Movement (SCM) — les courants évangéliques sont les plus visibles et les plus mobilisateurs, particulièrement à travers les Christian Unions dans chaque université, rassemblées pour la plupart au sein de la Universities and Colleges Christian Fellowship (UCCF). Leur approche est résolument missionnaire, ce qui a causé à plusieurs reprises des frictions dans des université, et a parfois aussi donné l’impression que le christianisme, dans les universités anglaises, était principalement devenu un phénomène évangélique.
La recherche conduit à des résultats plus nuancés. Parmi les étudiants qui se disent chrétiens, pas plus de 1% appartiennent à une Christian Union. Cependant, 10% des étudiants disent participer à des activités des Christian Unions sans y adhérer, ce qui révèle un impact largement supérieur à celui de toute autres organisation chrétienne dans les universités anglaises. Mais même ceux qui ont une sensibilité évangélique ne se reconnaissent manifestement pas tous dans le style des Christian Unions, sans parler de la majorité des étudiants chrétiens.
Quant au rôle des années d’études pour déterminer les orientations religieuses: 11,2% de tous les étudiants disent être devenus moins religieux depuis qu’ils se trouvent à l’université, mais 10,7% affirment à l’inverse être devenus plus religieux. 74,9% (71,3% des chrétiens) ne font état d’aucun changement majeur. La continuité par rapport à la vie pré-universitaire paraît dominer: “Les positions en matière de foi semblent avoir été, pour la plus grande part, définies avant l’université.”