Il y a 250 ans, les États-Unis n’existaient pas, nous rappellent la brochure et un film publicitaire. L’Australie non plus, d’ailleurs. Il n’y avait encore eu ni Révolution américaine ni Révolution française. Et, bien entendu, pas de téléphone, pas d’électricité, pas de chemin de fer et pas de voiture. Mais l’Encyclopaedia Britannica paraissait déjà, nous expliquent fièrement ses éditeurs, qui sont allés chercher quelques curiosités divertissantes des débuts. Dans l’édition de 1768, on se demandait si la Californie était une péninsule ou une île. L’édition de 1788 publiait une gravure présentant une reconstitution de l’Arche de Noé naviguant sur les eaux du Déluge.
Eh oui! L’Encyclopædia Britannica fêtera cette année son 250e anniversaire et publiera pour la 80e et dernière fois son volume annuel. Je m’étais laissé convaincre d’acheter l’Encyclopædia Britannica lors d’une visite au Salon du livre de Genève, et j’ai dans ma bibliothèque également tous les volumes annuels depuis 1989. Je viens de commander le dernier, qui paraîtra au mois de juin et promet d’être intéressant, notamment par la rétrospective qu’il présentera.
Je possède les 32 volumes de la version 1989 de la 15e édition. La dernière version imprimée est celle de 2010. En 2012, la vénérable encyclopédie, produit de ces entreprises de savoir du XVIIIe siècle, avait annoncé renoncer à poursuivre la publication sous forme imprimée et continuer sous forme numérique. D’ailleurs, en accédant au site sur lequel je pouvais passer commande en ligne, l’enseigne était celle de Britannica Digital Learning.
On peut le regretter, mais je comprends la décision de l’éditeur. Si je continuais de commander chaque année le Britannica Book of the Year, c’était par fidélité plus que par sentiment de nécessité. Je continue de lire beaucoup de livres et revues sous forme imprimée, mais j’ouvre beaucoup moins les encyclopédies ou les dictionnaires que je ne le faisais il y a vingt ans : comme nombre d’entre nous, tout en affirmant mon attachement au papier et en restant convaincu que celui-ci ne disparaîtra pas pour d’autres usages, je cherche le plus souvent sur la Toile les informations que j’aurais autrefois espéré trouver dans de tels volumes. L’avenir des encyclopédies est en ligne. Mais ce n’est pas pour autant que je renoncerais à voir l’Encyclopaedia Britannica et l’Encyclopædia Universalis occuper plusieurs rayons de ma bibliothèque, même avec accès à une version numérisée !