En 1998, en préparant une communication que j’avais été invité à présenter à Vienne dans le cadre d’une réunion organisée par le Partenariat pour la paix de l’OTAN sur les minorités et les forces armées, je m’étais intéressé pour la première fois au rôle de l’aumônerie militaire dans un contexte de croissante diversité religieuse, dans différents pays occidentaux. Les Etats-Unis présentaient bien sûr l’image la plus bigarrée: cela s’est confirmé en lisant l’article publié dans le numéro de janvier-mars 2012 du magazine Hinduism Today, qui présente le capitain Pratima Dharm, une femme d’origine indienne, qui est – depuis six ans – le premier aumônier hindou des forces armées américaines. Cette mère de famille est actuellement postée à Washington, mais elle a déjà servi dans des zones de combat en Irak.
Un millier environ d’hindous servent dans les forces armées aux Etats-Unis, dont beaucoup de médecins. Bien entendu, pas tous au même endroit: comme les autres aumôniers, le capitain Dharm doit être au service des soldats de toute croyance, même si elle organise aussi des services religieux hindous et propose des cours de yoga. Elle reconnaît cependant que tous les soldats ne sont pas ouverts à l’idée d’avoir un aumônier d’une autre foi que la leur. Mais elle raconte aussi comment elle a été invitée à prêcher sur un passage biblique dans une église catholique… en Irak! Il faut dire que, dans les forces armées américaines, les aumôniers sont de plus en plus sollicités, sur les champs d’action étrangers, pour le développement des relations avec les communautés religieuses locales.
Afin d’avoir les qualifications requises pour son engagement, faute de séminaire hindou dans lequel recevoir sa formation, elle passa par un séminaire protestant et reçut le patronage d’une communauté pentecôtiste habilitée à présenter des candidats aumôniers. Depuis, cependant, la Chinmaya Mission, un mouvement hindou, a obtenu l’accréditation nécessaire du Pentagone: c’est maintenant à ce titre que le capitaine Dharm exerce son ministère. Elle n’est cependant pas prêtre et ne peut donc célébrer les rituels traditionnels de l’hindouisme. Sa formation en psychologie lui sert beaucoup, explique-t-elle – ce qui souligne d’ailleurs au passage, peut-on ajouter, la nature autant de soutien psychologique que de soutien spirituel que semble souvent jouer l’aumônerie militaire.
L’auteur de l’article, Lavina Melwani, rappelle au passage que des aumôniers de différentes religions exercent un ministère dans l’armée indienne. Outre l’Inde et les Etats-Unis, précise-t-elle, des aumôniers militaires hindous existent également au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, en Indonésie et au Népal.