Les funérailles de Kim Jong Il ont été célébrées aujourd’hui. Quand j’ai appris son décès, il y a quelques jours, je me suis souvenu que j’avais reçu pendant des années, il y a longtemps déjà, les Nouvelles de Pyongyang et autres publications chantant la gloire de Kim Il Sung. Aujourd’hui, Internet est un nouveau moyen pour communiquer: quels sont donc les sites Internet qui existent dans un pays aussi fermé — et dans lequel la plupart des habitants n’ont pas la possibilité d’accéder à Internet?
L’extension de la Corée du Nord est .KP (celle de la Corée du Sud est .KR). Mais ce n’est que depuis le début de l’année, ai-je appris, après une première fugitive apparition en 2007, qu’on peut accéder à des sites avec une syntaxe de ce type: auparavant, il fallait passer par les adresses IP des sites officiels nord-coréens (une suite de chiffres). Timidement, l’Internet nord-coréen se met ainsi en place, même si je ne pense pas que le moment est proche où un particulier pourra enregistrer son nom de domaine, sauf possible changement de régime. Dommage: je crois que je n’aurais pas résisté à l’envie d’en acquérir un!
Il existe des sites d’information officiels multilingues, comme Naenara (aussi en français), celui de la Korean Central News Agency, ou encore celui du Comité pour les relations culturelles avec les pays étrangers. On trouve une liste des sites nord-coréens sur le site North Korea Tech, une utile ressource en anglais dont j’ignorais jusqu’alors l’existence. A côté de sites hébergés en Corée du Nord et utilisant l’extension nord-coréenne .KPP, North Korea Tech en signale aussi qui sont hébergés à l’étranger et utilisent des adresses .COM, notamment des sites supposés communiquer une image “objective” de la Corée du Nord. Et aussi Koryo Tours, installé en Chine, pour les amateurs de tourisme en Corée du Nord (“the last frontier”, nous promet-on), ou le site du Festival international du film de Pyongyang, dont la prochaine édition se déroulera en septembre 2012, plus précisément en l’an 101 de l’ère du Djoutché,
Parmi ces sites, surprise: l’un, en extension .ORG, est hébergé en Suisse! C’est celui d’une business school à Pyongyang! Celle-ci a été inaugurée en 2004; l’étonnement initial diminue quand le visiteur du site découvre que cette initiative est en fait soutenue par le Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération helvétique, avec comme cheville ouvrière un Suisse qui représente à Pyongyang des entreprises et investisseurs étrangers.
Le plus extraordinaire est sans doute North Korea Books, qui opère à partir de Winnipeg, au Canada. Ce site propose à la vente des centaines de livres nord-coréens en anglais. Et aussi des DVD: pas seulement des documentaires, mais aussi des films de fiction, dont certains sous-titrés en anglais. Malheureusement, le film d’aventures en deux parties intitulé Le commissaire politique de la brigade n’est pas disponible en version sous-titrée, pas plus que les opéras révolutionnaires,sinon je les aurais certainement commandés pour de longues soirées d’hiver…