L’actualité des derniers mois nous apporte de dramatiques nouvelles sur le Yémen ravagé par la guerre, même s’il fait moins souvent la une que d’autres zones de conflits. Hélas pour les Yéménites, ce n’est pas la première fois que cette population se trouve ainsi meurtrie. Dans les années 1960, une autre guerre y avait fait rage (il y en eut encore par la suite), et des forces étrangères (notamment saoudiennes) y étaient également partie prenante, mais dans le contexte particulier de la guerre froide, avec chaque camp cherchant des soutiens du côté américain ou soviétique. À cette époque déjà, des humanitaires tentaient de venir au secours des victimes du conflit.
L’un d’eux vient à point nommé nous rappeler ces événements en publiant ses souvenirs. Arrivé au Yémen du Nord il y a cinquante ans comme jeune délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Michel Quenot s’est engagé ensuite dans une vie d’enseignant et est devenu prêtre orthodoxe : il est aujourd’hui le recteur d’une paroisse orthodoxe à Fribourg. Depuis trente ans, il a publié de nombreux ouvrages, dont les icônes sont le fil directeur, mais en partant de celles-ci pour aborder une variété de thèmes, de réflexions et d’informations sur la foi chrétienne et sur le rôle de l’image. Le plus récent ouvrage de cette série est intitulé Art vocal sacré et théologie (2017). Je me propose de parler un jour plus longuement de ces livres, dont on peut trouver ici la liste.
Inch’Allah. Mémoires d’un humanitaire au pays des Yéménites est d’une autre nature. Michel Quenot y raconte sa découverte d’un Yémen dont il ignorait tout, tel qu’il se présentait il y a un demi-siècle, et ses expériences de jeune Occidental se retrouvant dans un pays en guerre, où il risque d’ailleurs plusieurs fois sa vie. C’est un récit sur le travail humanitaire et ses péripéties, mais aussi sur les rencontres avec les Yéménites, avec de nombreuses anecdotes. L’auteur a eu l’heureuse idée d’illustrer le volume par une centaine de photographies — « des diapositives un peu délavées et endommagées par le temps », explique-t-il — qui « constituent un témoignage unique sur cette période chichement documentée ». Un épilogue consacré à Najran rappelle qu’il y eut dans cette région, dans les premiers siècles de notre ère, de vivantes communautés juives et chrétiennes, ce que Michel Quenot explique avoir appris bien plus tard, mais en y voyant un lien spirituel avec sa dangereuse expérience yéménite.
En refermant ce livre, le lecteur conservera l’image saisissante de l’enfant yéménite blessé et pourtant souriant de la page de couverture, rappel poignant des souffrances que subissent, cinquante ans plus tard, bien d’autres enfants et adultes au Yémen et ailleurs. On ne peut que s’associer au vœu final de l’auteur que ce pays dévasté puisse retrouver un jour sa désignation d’Arabie heureuse.
Diffusion : La Procure pour tous pays sauf la Suisse. Diffusion en Suisse : Diffusion Albert le Grand, Fribourg.
Le livre peut également être commandé par correspondance à la Librairie du Monastère de la Transfiguration, qui livre en France et dans les autres pays.