En 1982, Bernard Vignot publiait son premier Répertoire de petites Églises catholiques non romaines et orthodoxes non canoniques: je le possède toujours, sur les rayons de ma bibliothèque, avec une chaleureuse dédicace de l’auteur. En avril 2012 est sorti ce que son auteur pense être le dernier de ces fascicules auto-édités et polycopiés, que les connaisseurs découvrent avec curiosité.
1982-2012: ces deux dates témoignent de l’intérêt de longue durée Bernard Vignot pour ces groupes qui ne retiennent pas l’attention de beaucoup de chercheurs. Surtout si l’on sait que Vignot avait déjà publié des plaquettes sur le sujet en 1972 et 1975. Entre ceux de 1982 et de 2012, huit autres fascicules, intitulés Répertoire, puis, dès 2005 et en collaboration avec Marc Béret-Allemand, Annuaire d’Églises et de communautés sans liens canoniques avec les Églises catholiques et orthodoxes. J’ai eu l’occasion d’évoquer le travail de Bernard Vignot, et plus largement les approches possibles du monde des “Églises épiscopales indépendantes”, dans un compte rendu d’un livre de Vignot sur le site Religioscope.
Les marges de la marge: tel est le titre de l’ultime fascicule, qui est pour Vignot une occasion de lier la gerbe de sa moisson d’information sur les “ecclésioles”, un terme qu’il justifie ainsi: “[…] j’entends leur donner leur place dans l’univers religieux qui est le nôtre […]: c’est-à-dire une place marginale qu’il n’est pas utile de majorer, certes, mais qu’il ne faut pas occulter!” À part quelques groupes bien implantés localement, ils ne rassemblent qu’une poignée de pratiquants pour la plupart (50 à 100 personnes au maximum), mais voient passer beaucoup de monde, précise-t-il. Le volume contient notamment une liste récapitulative des groupes ayant figuré dans les fascicules publiés de 1982 à 2009. Il évoque aussi les destins de personnages aujourd’hui décédés et évoqués au fil des parutions.
Parmi les nouveautés, un utile tour d’horizon sur les groupes qui, en France, se réclament de l’Église gallicane (qu’il faut bien distinguer du gallicanisme historique, souligne Vignot): une dizaine, le plus durable et le plus substantiel étant celui de la “Tradition de Gazinet”, avec son centre en région bordelaise, que Vignot distingue des autres groupes d’étiquette gallicane. J’ai été particulièrement intéressé aussi par le chapitre sur l’Église catholique latine, en région toulousaine, qui résume l’histoire de ce groupe: florissant dans les années 1970, ayant les moyens de faire construire un lieu de culte dans les années 1980, il a rapidement décliné après le décès de son principal dirigeant, Mgr Jean Laborie, en 1996, puis de son associé, le P. Yves Lavigne, en 2008. Il n’y aurait plus que quelques fidèles aux offices célébrés par un prêtre nonagénaire. C’est un exemple parlant de la difficulté de telles communautés à s’enraciner dans la durée.
Pour renseignements ou commande du fascicule, s’adresser à l’auteur: Bernard Vignot, 206 rue Léonard de Vinci, 76960 Notre Dame de Bondeville, France.