Il y a quelque temps, j’ai commandé en ligne un petit chargeur solaire pour téléphone à une entreprise qui affiche une adresse aux États-Unis, mais dont les produits sont fabriqués en Chine et arrivent directement d’Asie chez le client. Cela a pris du temps : deux mois entre le moment de ma commande et celui de la livraison. Il était « en chemin » depuis le 13 octobre, m’avait informé un courriel. Mais le paquet est arrivé cette semaine. C’était un petit emballage coloré soigneusement clos. J’ai jeté un coup d’œil à l’étiquette. Je m’attendais à voir un sceau postal chinois : à ma grande surprise, le paquet avait été posté au Laos, avec une adresse à Vientiane.
J’avais déjà entendu dire que la main d’œuvre en Chine était devenue plus coûteuse et que certains produits étaient maintenant sous-traités dans d’autres pays où les salaires sont inférieurs. Peut-être est-ce le cas ici, même si le mode d’emploi en chinois et en anglais (en minuscules caractères et dans un anglais… pittoresque) affirment que le produit vient de Shenzen (Chine). Peut-être seuls les envois sont-ils effectués depuis le Laos. Il est vrai que le Laos évoque, dans mon esprit de jolis clichés asiatiques plus que les flux du commerce international ou des services postaux à prix imbattables.
Production au Laos ou envoi depuis le Laos, peu importe. La commande de ce chargeur illustre deux réalités. Un pays comme le Laos, qu’on atteignait autrefois au terme d’un long voyage, est devenu un point pas plus exotique qu’un autre dans des réseaux d’échanges internationaux. Et la simple commande d’un chargeur montre la mondialisation en action : commande envoyée à un service aux États-Unis (mais peut en réalité se trouver n’importe où dans le monde), production en Chine (ou peut-être ailleurs), envoi depuis le Laos, arrivée en Suisse — tout cela nous paraissant même parfaitement normal.