Cette semaine, en tant que rédacteur en chef de Religioscope, j’ai reçu une enveloppe venant de Glasgow, dans laquelle j’ai découvert du matériel électoral m’invitant à soutenir une candidate du Scottish Homeland Party aux élections écossaises du 5 mai. Le Scottish Homeland Party est une nouvelle formation politique, créée en 2010, qu’il ne faut pas confondre avec le Scottish National Party, qui existe depuis 1934. J’ai été surpris: certes, je suis ému par la musique de cornemuse, je possède dans ma bibliothèque le précieux manuel How to Wear the Kilt et je ne veux que du bien aux Ecossais — mais je n’ai pas la moindre goutte de sang écossais dans les veines et il me paraît hautement improbable que je sois appelé un jour à voter pour un candidat à des élections en Ecosse.
La candidate qui m’appelle à la soutenir s’appelle Nadia Rosenberg. C’est apparemment une militante politique désintéressée: elle annonce déjà que, si elle est élue, elle donnera l’intégralité de son salaire de parlementaire (£ 55.000 par an) à une œuvre d’assistance aux personnes âgées, un domaine qui lui tient à cœur et dans lequel elle est engagée depuis des années. Mais pourquoi donc adresser à un site consacré aux religions dans le monde contemporain ce qui ressemble, au premier abord, à un programme politique assez classique?
C’est à la page 2 du communiqué de presse du 5 avril que j’ai compris. Savez-vous quel est “le problème le plus sérieux auquel l’Ecosse doive faire face depuis 300 ans”? Je vous livre tout de suite la réponse, car vous auriez du mal à deviner: le problème le plus grave pour l’Ecosse est, selon le Scottish Homeland Party, la candidature de la Turquie à l’Union européenne! Nadia Rosenberg et ses collègues expliquent que cela aurait pour conséquence que l’UE basculerait en 2025 vers une population majoritairement musulmane et deviendrait officiellement une nation islamique européenne régie par la sharia. La turquification de l’Ecosse: voilà un scénario auquel je n’avais pas encore pensé. Le débat sur l’islam et l’Europe nous réserve sans doute encore bien des surprises.