En découvrant aujourd’hui cette indication nouvellement posée de direction à suivre, dans un petit centre commercial de Fribourg, l’idée m’est aussitôt venue de rédiger de petits textes, à la manière de notices encyclopédiques pour un dictionnaire d’histoire des religions. Sous le titre de ‘Covirituels’ (je viens d’inventer le mot, à en croire une recherche Google), il pourra aussi être question de covicroyances, covilogie et autres covismes. Avec le regard distancié et neutre de l’observateur des croyances et pratiques, qui tenterait de comprendre le sens de celles-ci quelques siècles plus tard, comme il se doit…
Circumambulation, nom féminin – Pratique magique consistant à faire le tour d’un objet ou d’un emplacement. – Emprunt au latin tardif circumambulare, ‘aller autour’. (Antidote)
En temps de Covid-19, les visiteurs des grands lieux de pèlerinage sont incités à déambuler dans un sens imposé, avant de s’arrêter dans les différents oratoires qu’ils souhaitent visiter. La nature de ce rituel peut être lue à différents niveaux, tant symboliques que pratiques. Dans la compréhension des organisateurs du rituel, le fait que tout le monde tourne dans le même sens semble permettre une circulation harmonieuse des énergies, sans perturbations. Le sens unique symbolise sans doute la marche de tous les croyants vers un même but, celui de surmonter l’épreuve. Enfin, concrètement, cela permet une visite mieux organisée des oratoires et une meilleure gestion des foules pieuses, visant à préserver le principe cardinal de distanciation physique qui gère l’existence covidienne.
Il faut relever deux grande différence du covirituel de circumambulation par rapport à des pratiques semblables dans d’autres traditions. Alors que ces dernières encouragent parfois la multiplication des circumambulations afin de permettre aux croyants d’acquérir plus de mérites, le covirituel recommande vivement de limiter la pratique à un seul tour et au strict temps nécessaire. En outre, il ne s’agit pas de tourner autour d’un objet ou lieu précis : la circumambulation covidienne ignore le centre sacré ou l’arbre cosmique autour duquel l’activité s’ordonnerait.