“Allo? Allo?…” Au bout de la ligne, la rumeur signale que ma correspondante travaille dans une centrale d’appels. Elle réagit enfin: “My name is Anna Forster. I am calling from Windows Technical Department.” L’accent est étranger, sans que je parvienne à déterminer, à partir de ces quelques mots, s’il est latino-américain ou asiatique. “It is about your Windows computer.” Ma réponse fuse: “We do not have any Windows computer here! Bye, have a nice day!” Et je raccroche.
C’est vrai: je suis sur Mac. Un instant, j’ai eu la tentation de laisser aller la conversation, pour découvrir l’escroquerie du jour: sans doute ma correspondante aurait-elle prétendu que j’avais besoin d’urgence d’un patch de sécurité (payant, bien entendu), ou quelque arnaque du même genre…
Même si j’évoluais dans un environnement Windows, je n’aurais pas cru une seule seconde à l’authenticité de cet appel. Chacun d’entre nous, s’il a une fois essayé d’appeler le service technique d’une grande entreprise de ce genre, sait à quel parcours du combattant il doit se préparer, avec d’incertains résultats. Et l’on voudrait me faire croire que, soudain, Windows se soucierait de ses acheteurs au point de les appeler personnellement pour leur faire part d’un problème? La seule évocation d’un événement aussi improbable suffit à provoquer l’hilarité de tout client lucide. Et en dit long sur notre solitude de petit utilisateur anonyme face à ces géants commerciaux, dont les produits sont pourtant devenus les indispensables compagnons de notre vie quotidienne.