Il y a quelques années, un chercheur français m’avait expliqué que l’on pouvait observer, dans certaines écoles de quartiers français à forte population musulmane, des conversions à cette religion “par osmose”, en quelque sorte: en minorité dans leur classe, des élèves non musulmans commenceraient par exemple à pratiquer le ramadan et seraient ainsi progressivement attirés par la foi musulmane.
J’avais commencé à m’intéresser, il y a quelques années, à des cas de conversion à l’islam en Suisse, mais il ne me semblait pas que l’on pouvait y observer des phénomènes semblables, d’abord à cause d’une répartition spatiale différente sur le territoire de la Confédération.
Faut-il commencer à réviser cette observation, ou en tout cas à la nuancer? J’ai acheté le premier numéro (plus exactement le N° 0) du nouveau magazine bimensuel La Cité. J’y ai découvert un article de Luca Di Stefano, “La nouvelle vie des convertis du Lignon” (p. 33), qui évoque un nombre inhabituellement élevé, semble-t-il, de jeunes qui choisissent l’islam “dans ce quartier de Genève où la coexistence des cultures crée des réseaux d’affinités”. L’un des convertis commente: “Je ne sais pas pourquoi il y en a autant ici. dans les autres quartiers, c’est pas pareil.”
J’attends avec curiosité de voir si la recherche en cours de Susanne Leuenberger sur les convertis à l’islam en Suisse (une thèse qui devrait être achevée en 2012) lui aura permis d’observer des phénomènes semblables dans de grandes villes alémaniques.