Nous recevons tous régulièrement des messages promettant monts et merveilles en aidant un correspondant inconnu à transférer des fonds, ou à nous transmettre des montants considérables qui, prétend l’expéditeur, n’attendent que notre bon vouloir et quelques petits efforts pour rejoindre notre compte bancaire. Récemment encore, c’était un prétendu conseiller du président Moubarak qui proposait à de naïfs correspondants de l’aider à transférer des fonds de celui-ci contre substantielle rémunération. C’est tellement gros, en général, que l’on se demande comment de telles arnaques peuvent fonctionner. Et pourtant, l’appât d’un gain facile endort sans doute la prudence et le bon sens: régulièrement, des personnes apparemment raisonnables tombent dans de tels panneaux.
Je reçois aujourd’hui un article de Nicole Neroulias, publié le 22 novembre 2010 par le Religion News Service, “Do religious people make easy targets for scams?” Il ne s’agit pas de ces “escrocs nigérians” qui nous envoient des messages électroniques, mais d’affaires dans lesquelles des membres de groupe religieux ont été escroqués, parfois pour des montants considérables, en raison de la confiance qu’ils accordaient à des coreligionnaires ou à des personnes d’apparence pieuse. L’on peut se demander si certains groupes religieux sont plus susceptibles d’être victimes d’une “escroquerie par affinité”: le sociologue Anson Shupe estime que cela existe particulièrement chez les mormons, chez certains évangéliques et dans des églises noires. D’autres chercheurs estiment plutôt que les escrocs ciblent de façon plus intensive les croyants. Nous manquons d’études sur la corrélation entre escroquerie et foi.
Ce qui est certain, aux Etats-Unis en tout cas, est que l’on fait plus facilement confiance à des personnes religieuses. En outre, des groupes dans lesquels des liens étroits unissent les fidèles sont plus vulnérables si l’un de ces fidèles s’engage dans entreprise frauduleuse. Dernier cas en date: des millions de dollars investis de façon aventureuses et perdus par un Amish de Pennsylvanie, qui avait recruté des “investisseurs” surtout parmi ses coreligionnaires (Washington Post, 17 février 2011).