Après mes observations relatées dans le précédent billet, je suis en train de payer les quelques périodiques achetés quand j’entends à côté de moi une exclamation enthousiaste : « Génial, votre chapeau ! » C’est un autre client qui me fait ce compliment. Son père, m’explique-t-il, en avait un semblable, mais il paraît qu’on n’en trouve plus aujourd’hui. J’explique à mon interlocuteur que j’ai acheté cette coiffe hivernale en Macédoine. Et c’est vrai que, dans la rue, je constate parfois des regards amusés ou impressionnés. Quelques personnes d’origine sans doute balkanique me saluent même ! C’est vrai que, lors de mes voyages, j’achète volontiers des chapeaux locaux qui m’amusent ou me plaisent. Mais je ne porte pas en Suisse un chapeau kirghiz ou un bonnet népalais…
Cela me rappelle une vieille histoire de vocabulaire chapelier. Adolescent, l’été approchant, le moment était venu de me procurer une protection contre le soleil. J’entrai vers un grand magasin. Une fois arrivé au rayon des chapeaux variés, je m’enquis auprès de la vendeuse : « Je souhaite un couvre-chef pour l’été. » Elle me regarda et, après un instant d’hésitation devant des rayons remplis… de couvre-chefs, elle me répondit avec assurance : « Nous n’avons pas cela ici. » Ce jour-là, je pris conscience du fossé que peut créer un vocabulaire…