J’ai toujours aimé les textes bien présentés. Avec les possibilités offertes aujourd’hui par les traitements de texte, mais aussi en m’occupant de sites, difficile de ne pas m’intéresser aux polices de caractère. Sur des sites spécialisés, par exemple MyFonts, on peut acheter des polices de caractère pour différents usages : à utiliser sur son ordinateur ou sur un site web, selon le type de licence acquise. J’avoue avoir eu la tentation d’utiliser pour certains de mes sites une police particulière, avant de me décider finalement pour des solutions plus courantes. Sur mon ordinateur et pour produire certains documents, comme le texte des documents PDF sur Orbis.info, j’utilise en revanche volontiers la police de caractère Corda (Hoftype), dont j’apprécie à la fois la discrète élégance et l’excellente lisibilité. Le dernier ajout à ma panoplie de polices est Skema Pro (Mint Type), avec ses différentes variantes. J’admire le talent de ceux qui créent ces polices. Bien choisies, elles contribuent à l’attrait et à l’harmonie d’un texte.
Je ne pense pas que j’utiliserai souvent la prochaine police que créera l’Allemand Harald Geisler, mais je n’ai pas pu résister au plaisir de participer au financement participatif qui lui a permis de recueillir, par l’intermédiaire de KickStarter, la somme de 21.508 €. La campagne vient de se terminer. Grâce à moi et à 490 autres contributeurs, Geisler va créer une police de caractère digitale restituant l’écriture manuscrite de Martin Luther ! En l’année du 500e anniversaire de la Réforme protestante, un artiste typographe allemand ne pouvait mieux choisir. Il faut dire que Geisler a déjà de l’expérience dans ce genre d’entreprise, puisqu’il s’est livré au même travail à partir de l’écriture d’Albert Einstein et de Sigmund Freud. Il se propose de continuer ensuite avec Martin Luther King.
Le coût estimé d’une telle opération n’a rien d’excessif : créer une police digitale restituant fidèlement une écriture manuscrite est un labeur de plusieurs mois, avec tous les défis qu’on devine. En attendant, pour encourager les soutiens durant sa campagne maintenant achevée, Geisler a mis à disposition un prototype avec quelques lettres à télécharger sur ordinateur ou sur iPhone. C’est ce qui m’a permis d’écrire “Martin Luther” en utilisant Pages sur iPhone, comme le montre l’image qui accompagne ce billet. Quand Geisler aura terminé son travail, dans quelques mois, tous ceux qui l’ont soutenu recevront la police de caractère, adaptée aux besoins de nombreuses langues utilisant l’alphabet latin, du basque au français en passant par le turc et l’indonésien (si Luther avait pu imaginer cela !). Bien sûr, on peut trouver plus lisible : mais j’écrirai sans doute quelques messages « luthériens » à des correspondants protestants !