Certains rapports d’activités sont feuilletés distraitement. D’autres retiennent notre attention, parce qu’une association nous intéresse particulièrement ou offre un contenu original. Je lis toujours les rapports annuels de relinfo – Evangelische Informationsstelle Kirchen – Sekten – Religionen. Soutenu par les Églises réformées du canton de Zurich et d’autres cantons suisses alémaniques, ce service répond aux questions sur des mouvements religieux ou d’autres courants et croyances. Sous des formes qui ont évolué, il existe depuis 1963. Il dispose aujourd’hui d’un site web attrayant, avec un contenu riche et bien structuré.
J’ai consacré plus de temps que d’habitude à la lecture du rapport pour l’année 2016. Il contient dans sa seconde partie un compte rendu illustré de la 25e rencontre Wave-Gotik, qui s’est tenue à la Pentecôte 2016 à Leipzig et avait attiré 23.000 visiteurs. Si je connais bien sûr l’existence d’une sous-culture « gothique », je ne me suis jamais penché sur ce sujet. J’ignorais donc la variété des tendances au sein de ce milieu. L’auteur du rapport, Laura Rolle, raconte en effet quels types de la scène gothique elle a croisés à la rencontre de Leipzig. Elle en établit une utile liste commentée.
C’est ainsi que je découvre l’existence (pas trop surprenante) des Victorian Goths, suivie des plus inattendus Steampunk Goths et Cyber Goths (Industrial Goths), des Traditional Goths (issus des milieux punks dans les années 1980), avant de passer aux Cabaret Goths, aux Hippy Goths, aux Romantic Goths et aux Perky Goths — sans oublier les Vampire Goths, les Rivethead Goths et les Military Goths. Je n’avais jamais imaginé qu’il y en avait autant ! Et cela ne manque pas de laisser songeur sur la constitution de modernes tribus arborant des signes distinctifs, au croisement de modes, de préférences esthétiques et de quêtes d’identité.
On comprend qu’il y a là un véritable terrain de recherche. Et la religion, dans tout cela ? Le compte rendu de Laura Rolle nous apprend qu’il y avait des représentants de plusieurs religions, un « village païen » et des stands proposant de la littérature sataniste, tandis que les « goths chrétiens » étaient invités à assister à des cultes dans deux églises de la ville. La diversité religieuse existe aussi dans ces milieux.